Réalisée par un apprenti metteur en ondes, votre serviteur, cette adaptation des douze épisodes de la série culte de Radio 4 The Hitchhiker’s guide to the galaxy a nécessité environ six mois de studio, trois cent effets sonores, et une quinzaine de comédiens. La série a été diffusée à un rythme hebdomadaire à partir de novembre 1995 sur une radio brestoise Fréquence Mutine. Ce site est aussi un hommage que je tiens à rendre à tous ceux qui ont participé à cette longue aventure, et à mes principaux partenaires, surtout le Centre de Création Musicale de Brest (CCM) sans qui cette aventure n’aurait jamais vu le jour.

L’aventure commence en juin 94. J’étais alors étudiant en licence de droit à Brest, et pour occuper mes journées, j’étais reparti dans une énième lecture de l’un de mes livres favoris, “The hitch-hiker’s guide to the galaxy”. J’écoutais également souvent la série radio originale en cassette audio. Comme parrallèlement j’animais une émission hebdomadaire de blues sur une radio associative Fréquence Mutine, un déclic finit par se produire, et une étincelle jaillit : pourquoi ne pas lancer la série sur les ondes françaises? Après tout, je suis très disponible (ne suis-je pas étudiant?), et en plus je travaille dans une radio qui sera sans aucun doute enchantée de s’investir dans un tel projet.

Evidemment, les premières fois où je parlais de mon projet, on me fit les yeux ronds. Déjà personne ne connaissait Douglas Adams, et parler de feuilleton radiophonique en France dans les années quatrevingt-dix paraissait aussi anachronique que de parler aujourd’hui de téléphone fixe à un jeune branché, le portable collé à l’oreille 24 heures sur 24.

Il fallait donc que je prouve ma détermination par des actes concrets et forts. Je m’apprétais ainsi à retranscire les douze épisodes de la série grâce à mes cassettes audios, avant de me lancer aussitôt dans la traduction. Mais heureusement, je finis par dénicher l’ouvrage salvateur qui allait tout rendre possible : “The hitch-hikers guide to the galaxy – The original radio scripts by Douglas Adams. Edited, and with an introduction by Geoffrey Perkins (who produced it) with another introduction by Douglas Adams, largely contradicting the one by Geoffrey Perkins”.

 

Eh oui, les scripts radios originaux, avec des tas d’annotations et de commentaires très instructifs. Le bonheur! Estimant que les dieux étaient avec moi, je fis l’achat d’un ordinateur portable (ancien mais vaillant), et je traduis d’une traîte enthousiaste les deux premiers épisodes. Une fois finis, je les montrai, toujours enthousiaste, à Jean-François Le Goff, directeur de Fréquence Mutine à l’époque. Il me donna son accord… avec enthousiasme.

Le travail de traduction me prit dix mois. Je le commençais étudiant, je le poursuivis l’été 94, alors que je découpais du poulet dans une usine des Côtes d’Armor, et je le finis en tant que matelot aux relations publiques de la préfécture maritime de Brest de novembre à juin 95. Parrallélement, je dus m’occuper de la question des droits. Je mis quatre mois à régler l’affaire avec l’un des agents de Douglas Adams. Et je commençai à chercher les acteurs en prévision de l’enregistrement que j’avais prévu dès le printemps 95. Là, j’étais un peu trop optimiste. Les comédiens sont plus frileux qu’on ne le croit généralement. Il me fallut du temps avant de réunir une équipe de quinze comédiens, dont une grande partie d’amateurs inexpérimentés.

Reste que le Guide galactique repose sur un gros travail sonore.

Je ne pouvais donc me lancer dans un tel projet, sans avoir recours à un studio de qualité professionnelle. Et qui voudrait s’investir dans un tel projet ?

J’ai eu beaucoup de chance en tombant sur le Centre de Création Musicale à Brest. Ce sont vraiment eux qui ont rendu possible ce projet, en m’accordant un forfait très avantageux.

De même, Antoine Muel et Olivier Rossi, respéctivement technicien radio et musicien, m’ont rendu un service fou sur les effets spéciaux, contre une rémunération ridicule… mais à hauteur du budget du projet.

Encore aujourd’hui, je ne peux imaginer que je suis venu à bout du feuilleton avec un budget de moins de 20 000 francs (un peu plus de 3 000 euros). Ne rigolez pas! Le tour des investisseurs potentiels a été assez court, et je suppose qu’une personne plus expérimentée aurait pu réunir une somme plus importante. Mais étant donné que la plupart des gens me prennaient pour un aimable professeur Tournesol, je tiens à remercier les investisseurs : la ville de Brest, le libraire et disquaire Dialogues, Fréquence Mutine et la Smeba (pour les affiches).

Finalement, le passage en studio a été fixé début septembre. Vu mon budget, et la disponibilité limitée des acteurs, il avait été décidé de ne consacrer que cinq jours aux répétitions et autant à l’enregistrement. Ca peut paraître fou et ce l’est sûrement. Après tout, les douze épisodes de la série constituent six heures d’enregistrement! Seule circonstance atténuante, le Narrateur était enregistré à part, à Aix en Provence, par mon frère, ancien comédien professionnel. Ceci dit, tout faillit tomber à l’eau. Le jour J du début des répétitions, seulement cinq acteurs vinrent au rendez-vous. Mes comédiens me fournirent alors un appui moral que je n’oublierai pas. Je passai les deux premières journées à les faire travailler et à chercher d’autres acteurs pour remplacer les déserteurs. On arriva au total de douze comédiens pour jouer une soixantaine de personnages. Je dus mettre la main à la patte, et endossai quelques rôles, dont un particulièrement qui collait bien à mon état d’esprit du moment : celui de Marvin, le robot maniaco-dépressif!

Je ne sais par quel miracle nous arrivâmes à venir à bout de l’enregistrement. Enfin si, je le sais. Nous nous sommes contenté d’une seule et unique prise dans la plupart des cas. Dur, dur pour les comédiens. D’autant que, loin du théâtre, en radio le corps doit rester immobile. Pas question de mimer en jouant. Un faux mouvement, une mauvaise articulation et un éloignement soudain du micro nous oblige à recommencer la prise. Quant au fait d’avoir son texte devant soi, c’est souvent plus un piège qu’une aide.

Après quoi, je me suis consacré au montage et au mixage de la série avec bruno charlès, l’ingénieur du son du centre, pendant trois semaines. C’est la partie la plus délicate et la plus passionnante. Il faut environ trois heures de son pour faire un épisode d’une demi-heure. Comme le son est le seul repère pour l’auditeur privé des sacro-saintes images, on doit apporter un soin méticuleux à cet aspect du travail. Et avec le guide galactique, les possibilités de création sonore sont sans fin!

Les six premiers épisodes, diffusés avant noël 1995, nous laissèrent un vage goût d’insatisfaction dans la bouche. Pour la deuxième série, nous apportâmes plusieurs corrections qui se révélèrent très positives pour la série : rythme plus soutenu, effets spéciaux plus présents,… La deuxième série a été diffusée sur Fréquence Mutine à partir du onze janvier 1996.

Je n’ai personnellement pas eu à me plaindre de l’écho rencontré par la série. Elle fut plutôt bien accueillie par la presse locale et le public. D’autres radios nous ont alors contacté pour diffuser la série. Mais , vu le temps passé sur ce feuilleton, nous voulions faire quelque chose dont nous puissions vraiment être fier. Je suis donc retourné en studio à l’automne 96 pendant deux semaines pour retravailler sur les six premiers épisodes : Dialogues refaits, narrateur réécrit et réenregistré, ajout d’effets spéciaux, rythme plus soutenu,…

A ce jour, les six épisodes nouvelle version n’ont jamais été diffusés sur les ondes. Question de temps pour diffuser dans de bonnes conditions une série sur laquelle nous nous sommes tous beaucoup investis.

Fiche technique

 

ACTEURS :
Yann Belin (Narrateur)
Fabien Dutour (Arthur)
Mathieu Le Donge (Ford Escort)
Sylvain Ottavy (Zappy Bibbicy)
Elsa Levy-Valensi (Trillian)
Nicolas Botti (Marvin)
Laurence Landry
Yannig Trebaol
Viviane Grulier
Xavier Botti
Alain Zanger
Yann Drillet
Michèle Jannot
Hervé Andrieux

EFFETS SPECIAUX:
Antoine Muel
Tino
Bruno Charlès

ENREGISTREMENT, MIXAGE ET MONTAGE :
Bruno Charlès au Centre de Création Musicale de Brest

TRADUCTION ET MISE EN ONDES :
Nicolas Botti

PRODUCTION :
Nicolas Botti
Centre de Création Musicale de Brest

AVEC LA PARTICIPATION DE :
Fréquence Mutine
Ville de Brest
Librairie Dialogues
SMEBA
Association Porte-Plumes
Compagnie Tout Théâtre